Édito du Le Monde diplo d’avril 2019, Serge Halimi livre une analyse fine du débat politique actuel, d’autres (Lucien Cerise) diraient de l’ingénierie sociale en cours. L’article étant en accès libre, nous allons en découper deux ou trois bons steaks, juste assez pour en isoler le nerf. Celui de la guerre de l’oligarchie contre les Français.
« Voici des décennies que la puissance électorale de l’extrême droite sert de police d’assurance aux libéraux de gauche et de droite : n’importe quel bourricot modéré franchit sans peine la ligne d’arrivée une fois opposé à une formation politique irrecevable, infréquentable, irrespirable. Lors de l’élection présidentielle française de 2002, le résultat de M. Jean-Marie Le Pen stagna entre les deux tours, passant de 16,8 % à 17,8 %. Dans le même temps, celui de son rival Jacques Chirac s’envola de 19,8 % à 82,2 % des suffrages exprimés. La même opération a permis à M. Emmanuel Macron de l’emporter en 2017, quoique avec une marge moins spectaculaire.
Ce qui a réussi contre l’extrême droite, les libéraux comptent le refaire contre la gauche. Ils cherchent donc à bâtir contre sa progression éventuelle un mur des valeurs qui la rendra suspecte à son tour. Et obliger ainsi ceux qui ne supportent plus les politiques du pouvoir à s’en accommoder malgré tout, tant seraient ignobles ses opposants les plus puissants. »
Et Halimi de citer le travail de sape anti-LFi d’un BHL qui assimile Ruffin à Rebatet. Nos lecteurs ont suffisamment de connaissances historiques pour savoir que Rebatet a été frappé d’indignité nationale après 1945 à cause des ses Décombres. Et pour savoir que Ruffin, électoralisme oblige – il ratisse pour Mélenchon sur son aile droite, c’est-à-dire au RN, et plus précisément chez les nationaux-communistes –, flirte avec la ligne jaune, ce cordon sanitaire établi par le CRIF, un « lobby juif » selon Élisabeth Lévy.
L’analyse d’Halimi est juste. Il décrit ensuite le modus operandi de la réprobation, c’est-à-dire de l’élimination du champ politique :
« Le hasard faisant bien les choses, la calomnie d’une gauche devenue antisémite bourgeonne en même temps en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Une fois la cible désignée, il suffit de trouver un jugement maladroit, outrancier ou abject sur la page Facebook ou sur le compte Twitter d’un des membres du courant politique qu’on veut déshonorer (le Parti travailliste britannique compte plus de 500 000 adhérents). Ensuite, les médias prennent le relais. On peut aussi s’employer à détruire un adversaire en lui imputant un fantasme antisémite qui lui est étranger — du type : la démocratie, le journalisme et la finance sont au service des Juifs — sitôt que cet adversaire formule une critique de l’oligarchie, des médias ou de la banque. »
Halimi a raison et nous le savons d’autant plus que nous le vivons chaque jour : nous sommes les réprouvés de pointe. Pas parce que nous serions antisémites, la belle affaire, mais parce que notre analyse tape juste : elle remonte le courant de la propagande jusqu’à sa source.
Or ce qui manque à Halimi – on dit ça en toute camaraderie et en toute modestie –, c’est de voir que nous sommes l’objet permanent de cette ingénierie maléfique, un « exemple » national. Et aussi que Le Pen en 2002 aurait fait un meilleur président que Chirac, Sarkozy, Hollande et Macron réunis. Les Français ont laissé passer en 2002 une chance historique de renverser la table et de dévoiler ceux qui trafiquaient les cartes en dessous. C’est comme ça, pas vraiment une fatalité, plutôt le résultat d’une propagande efficace.
Mais ça, Halimi, lui aussi formé par la gauche, même si elle est sociale et non libérale, ne peut ni ne veut le voir. Il ne voit que le repoussoir construit par le Système, un JMLP avec son œil de pirate et son poignard, ses coups de gueule et ses trois jeux de mots antisémites. On ne met plus de guillemets car ça commence à peser, dans les textes.
Si Halimi voit juste sur la méthode du pouvoir profond, qui est de créer un repoussoir antisémite à grand renfort de propagande sioniste afin de truquer le jeu démocratique, il ne voit pas qu’on peut briser le cercle vicieux en votant justement pour les réprouvés. En votant pour un parti national et social, on brise le cercle, la prison dans laquelle les Français végètent sans comprendre depuis 35 ans (1983-2019). Sinon ils auraient voté depuis belle lurette et à deux mains contre le Système (et ses candidats) qui les écrase.
La lucidité, c’est comme l’amour, ça ne souffre pas la demi-mesure
Halimi devrait reconnaître que nous sommes en pointe dans la contre-ingénierie sociale des oligarques en place, que nous sommes salis du matin au soir par des officines sans autre pouvoir que la terreur qu’elles inspirent aux corps constitués que sont le politique, les médias, la justice et la police. Sans cette peur de mal faire ou de mal dire, sans la peur factice d’être antisémite, tout le Système s’écroule, et du jour au lendemain. Car il ne tient que sur cette peur, c’est pourquoi elle est alimentée chaque jour que Dieu fait : à chaque jour son acte antisémite. Certes, il y a l’argent, la banque, la puissance financière derrière, mais comme les sionistes eux-mêmes affirment que c’est un cliché antisémite, l’édifice entier devrait donc tomber tout seul sans ça...
Dernière chose qu’Halimi ne peut ou ne veut voir : c’est qu’une finale Mélenchon/Macron en 2022, que Mélenchon soit ou pas catalogué antisémite par le CRIF et ses médias-chiens, c’est un double leurre. Car au contraire de Jean-Marie Le Pen, Mélenchon est la carte « sociale » du CRIF. Et là on met des guillemets car c’est le cinquième as... La carte nationale étant aussi truquée, puisqu’il s’agit principalement de national-sionisme (RN). JMLP était un vrai repoussoir (pas la peine de le pousser), Mélenchon en est un faux, ou alors un repoussoir acceptable. Il suffit de lui tordre un peu le bras dans le dos.